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LCI et l'ONU, ou l'image d'une France exemplaire

  • Photo du rédacteur: Iounès Disdier
    Iounès Disdier
  • 24 juil. 2020
  • 3 min de lecture

Originalement publié le 08 mars 2019.



LCI, 6 mars 2019

« Le monde a-t-il perdu sa boussole ? » Voilà comment David Pujadas a débuté le mercredi 06 mars 2019 cette séquence de l’émission « 24h Pujadas » de LCI qui revenait sur l’appel de la haute commissaire aux droits de l’homme de l’ONU, Michelle Bachelet, aux autorités françaises à enquêter sur les violences policières commises dans le cadre des manifestations du mouvement « gilets jaunes » qui traversent la France depuis la mi-novembre 2018.  L’ex-présentateur de France 2 invite, comme à son habitude, les invités à réagir à l’actualité, et ici à cette « leçon de l’ONU à la France ». Rapidement, les invités s’insurgent un-à-un, remettant en cause cette commission de l’ONU dont ils jugent les accusations reposant davantage du politique que du droit. Laurence Marchand-Taillade, présidente de Force laïque, dénonce alors une instrumentalisation de l’ONU, et l’invite à regarder ce qu’il se passerait dans d’autres pays, comme au Kurdistan. En effet les journalistes sur le plateau rappellent à maintes reprises que parmi les pays condamnés par la commission aux droits de l’homme beaucoup sont des pays dans lesquels les violences entrainent un nombre important de morts, à l’inverse de la France. Dès lors l’ONU, puisque les invités rejettent la faute sur celle-ci, serait une organisation à géométrie variable, et ferait là l’exercice d’une véritable manipulation politique. Serge Kaffi, éditorialiste de l’Obs, décrit les motivations des nations unies comme voulant « salir le gouvernement français ». L’action de l’ONU serait si délirante que Sophie Coignard, l’invité éditorialiste au journal Le Point, évoque la possibilité que Michelle Bachelet ait pu « fumer de la moquette », une analyse lumineuse…  Rappelons toutefois que les violences policières que l’ONU cible sont bel et bien réelles. Le journaliste indépendant David Dufresne les dénombre provisoirement à 483 depuis le début des manifestations (bilan mis à jour le samedi 2 mars 2019), dont 202 blessures à la tête, 21 cas d’éborgnés et 5 cas de mains arrachées : pas de manipulation politique ou idéologique, les violences policières sont un fait que les vidéos relayées par le journaliste ne cessent de nous rappeler. Alors manipulation ou langue de bois ? Si la France demeure en effet un des États de droit parmi les plus importants de l’organisation mondiale des nations unies, point sur lequel l’éditorialiste Serge Raffy insiste à maintes reprises, cela ne l’empêche pas pour autant d’être condamnable. Au-dessus de la mêlée, la France n’aurait rien à faire dans un classement répertoriant les violences policières dans le monde qui englobe Haïti et le Soudan, du moins d’après David Pujadas et ses invités. Les différents éditorialistes présents sur le plateau préfèrent tourner les yeux vers ces pays qui seraient davantage condamnables, que de regarder droit dans les yeux ce qu’il se passe devant leur nez. Certes les violences policières n’ont pas entrainé de morts directes, même si les enquêtes à venir permettront d’y voir plus clair quant à la responsabilité des forces de l’ordre dans divers cas de violence, comme la mort d’une octogénaire à Marseille, heurtée par un tir de gaz lacrymogène en décembre dernier. Mais les violences policières sont un fait, ce qui rend on ne peut plus légitime la demande d’enquête de la commission des droits de l’homme, qui n’est rappelons-le qu’une demande d’enquête, et non une condamnation légale. Ce qui n’empêche pas le président Emmanuel Macron de s’appuyer sur l’éternel argument de l’État de droit « Ne parlez pas de répression ou de violences policières, ces mots sont inacceptables dans un État de droit. » a-t-il affirmé le jeudi 7 mars. Car ce que cache la forêt de l’État de droit est insidieux, et la remise en cause de l’honnêteté de l’ONU n’est qu’une nouvelle excuse permettant de détourner le regard. Si le multilatéralisme et l’ONU étaient jugés en France comme des partenaires de confiance en début de mandat, les Nations Unies remettant même à Emmanuel Macron le titre de « Champion de la terre » en septembre dernier, il n’en demeure pas moins vrai que le gouvernement français est bel et bien en lice dans cette sorte de compétition des violences policières, malgré ce que LCI et David Pujadas peuvent avoir à redire.


DISDIER Iounès

 
 
 

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